Le pouvoir d'achat a reculé de 0,4% en 2012, une première depuis 1984. Et l'année 2013 ne s'annonce pas meilleure...
Une fois n'est pas coutume, le sentiment de paupérisation des Français est confirmé par les statistiques. Le pouvoir d'achat a reculé de 0,4 % en moyenne l'an dernier, a annoncé l'Insee. Il s'agit du « premier recul depuis 1984 (-1,1 %)», précise l'institut statistique. A l'époque, le pouvoir d'achat signait sa deuxième année consécutive de repli, suite au « tournant de la rigueur » pris par la gauche.
La publication des comptes nationaux détaillés montre que le pouvoir d'achat a même chuté de 0,8 % sur les trois derniers mois de 2012. Jamais depuis le début de la crise, les Français n'avait subit un tel choc sur leur revenu. Mesurée par « unité de consommation », ce qui permet de le ramener au niveau individuel en le corrigeant de la croissance démographique, le pouvoir d'achat a reculé de 1 % en 2012. En cinq années de crise, il a donc reculé, avec ce mode de calcul, à trois reprises (-0,3 % en 2008 et -0,1 % en 2011).
Au lendemain de l'annonce d'une nouvelle hausse marquée du chômage en février, ce mauvais chiffre de plus ne va pas simplifier la tâche de François Hollande, ce soir sur France 2. « La forte hausse des impôts est le principal facteur de cette baisse », explique l'Insee. Les impôts sur le revenu et le patrimoine ont bondi de 10 % l'an dernier, du fait des mesures de rigueur prises pour réduire le déficit (désindexation du barème de l'impôt sur le revenu, contribution exceptionnelle pour les redevables de l'ISF...). S'est ajoutée la nette dégradation du marché du travail, qui a pesé sur les revenus d'activités.
Handicaps majeurs
Dans ce contexte, les Français ont été particulièrement attentifs à leur consommation. Les données révisées indiquent même que celle-ci a reculé de 0,1 % en 2012. Une baisse modeste mais, elle aussi, historique, avec un seul précédent dans l'après-guerre (-0,2 % en 1993). Pour maintenir peu ou prou leur niveau de dépenses, les Français ont mis moins d'argent de côté, avec un taux d'épargne à 15,6 % fin 2012, contre 16,1 fin 2011.
Toute la question est de savoir si les Français vont continuer à faire de même cette année. Sans cela, la consommation flanchera tant il ne fait aucun doute que le pouvoir d'achat restera sous très forte contrainte, avec une conjoncture toujours mauvaise sur le front de l'emploi et une pression fiscale qui ne va pas s'affaiblir. Deux handicaps majeurs que n'arrivera pas à compenser la petite bouffée d'oxygène apportée par le repli de l'inflation.
Et si l'Insee prévoit une légère augmentation du pouvoir d'achat au premier semestre, c'est uniquement parce que, comme en 2012, les hausses d'impôts se concentreront après l'été. Les Français ne se font d'ailleurs aucune illusion : 49 % d'entre eux estiment que leur pouvoir d'achat « va diminuer » au cours des prochains mois, selon un sondage Viavoice réalisé pour BPCE, « Les Echos » et France Info. Après quatre mois de baisse, l'inquiétude sur ce sujet progresse à nouveau (+2 points). Ce léger rebond s'explique notamment par des préoccupation croissantes en matière de fiscalité. Et l'arrivée prochaine dans les boites aux lettres des déclarations d'impôts sur le revenu dans les ne va pas aider les Français à oublier les augmentations adoptées.
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